N.S. Paris – Maltraitance de l’enfance

J’avais fait un certain travail personnel durant toutes ces années , et j’étais persuadée que je n’étais plus sous l’emprise des douleurs physiques et mentales que m’avait infligées mon père.

Ce n’était d’ailleurs pas l’objet de ma visite chez Jean-Pierre Cauver.

Mais au fur et à mesure de l’entretien, je me suis rendue compte que je m’étais appliquée à mettre des « rustines » sur mes douleurs et que je n’avais pas réglé les choses en profondeur comme je l’avais cru .

Ce père _ mon père _ né en Algérie, pour qui « la femme » n’était d’aucune utilité, ne me manifestant jamais aucun signe d’amour, au regard froid, souvent haineux, m’avait appris la soumission, l’obéissance, la violence.

Enfant, j’étais tout le temps apeurée, nerveuse, autant fragile physiquement que mentalement.

En début d’après-midi, nous avons commencé la séance d’EMDR, et j’ai senti les secousses dans mon ventre réapparaître, se faisant de plus en plus fortes.

J’étais consciente de mon état de délabrement. L’urgence d’extirper définitivement la « bête » qui avait continuer à me ronger _ à mon insu _ était plus forte que la peur que je ressentais quant à la manière d’y parvenir.

Ma reconnaissance à Jean-Pierre est immense : je me félicite d’être allée à sa rencontre.

En une seule séance, Jean-Pierre m’a allégée de ce « lourd balluchon » que je portais depuis cinquante-deux ans.

Mon père est mort de la maladie d’ Alzheimer en juillet dernier, dans sa quatre-vingt dixième année.

Je n’ai pas de compte à régler : pourtant je me souviens de tout.

Mais je suis détachée de lui, il est sorti de moi, il n’a plus de lien avec moi, sauf celui d’avoir été mon géniteur.

Quelques jours ont passé depuis la séance. Je goûte à la paix dans mon ventre. Je suis apaisée. Je peux continuer mon chemin,

Je suis prête pour d’autres vies.

N.

[haut.]