G.F. Haute-Garonne – Sympathie

Cher Jean-Pierre,

On arrive chez vous, en hésitant

Mais en ouvrant la porte,

Déjà les effluves vous transportent.

On sait par avance, en montant les marches

Qu’on va partir en voyage

Et qu’il faudra s’accrocher.

On peut espérer partir le cœur lourd

Et revenir très léger…

Le vieux escalier en bois en bois vermoulu

Craque sous nos pas

Et l’on monte doucement

Y a rien qui presse pour cet accouchement.

En regardant la porte, en suivant les odeurs,

Voilà que Mozart en personne, vient pénétrer nos cœurs.

En quelques instant un peu comme je le dis

Tous nos sens ont trouvé un coin de paradis

Le maître de céans est là, souriant, on sent le vrai passeur

Il vous dit très vite et sans ambages

Qu’il vous passera de manière certaine sur un autre rivage.

Assis, ému, vous êtes vert, un peu comme son thé

Que l’on boit comme on fume le calumet de la paix

On sent, on voit on goûte

Sur le chemin déjà on est en route.

Dans notre cœur et dans nos boyaux

Les vieux démons ont peur de finir en lambeaux.

Vient le moment qu’on le dise

De poser tout à plat, c’est l’heure du strip-tease.

Comme des chercheurs d’or, on part le tamis à la main

Pour chercher les poisons, les morsures le venin

On pérégrine des heures, dans l’espace en cherchant

On prend la machine à remonter le temps.

Que cette route est longue, et semée de chiendent

Les lilas et les roses en ont souffert souvent

On a pointé du doigt, ce qu’il faudrait tailler

Et c’est ce que va faire, notre grand jardinier

Il prodigue ses conseils et en large et en long

Avant de s’adonner à ses usuels

Nos yeux voltigent comme à Roland Garos

Et dans notre âme on compte, et les bleus et les bosses.

De vertige en tristesse, on en prend plein la poire

On croit parfois mourir, mais on garde l’espoir

Au bout du compte on se dit

Que la grande misère accouche d’une souris.

On repart sonné au bout de son combat

Mais on est plus léger, comme la première fois.

On reprend le chemin, avec son baluchon

Et l’on jure cette fois d’être heureux pour de bon

On salue le passeur, on rebrousse chemin

Et qu’à Dieu ne plaise qu’on revienne demain.

G. F.

[haut.]