V.C. – Décès Enfant trisomique dans ses bras (8 ans) – EMDR

Témoignage manuscrit reçu en août 2006

Bonjour,

Je m’appelle V.C. J’ai cinquante ans. Je suis infirmière.

Comment ai-je rencontré l’EMDR ? Par le biais d’une amie que j’ai vu souffrir jusqu’à percevoir le vide de ses yeux et que j’ai vu ressusciter.

Aussi lorsqu’elle m’a donné les coordonnées du « magicien » EMDR j’ai fais le tour de ma vie et je me suis dis : « Pourquoi ne pas me faire ce cadeau-là ? »

Je suis la maman d’un petit garçon mongolien de huit ans qui m’a quittée il y a dix-neuf ans.

J’ai survécu comme j’ai pu. En 1996 j’ai même suivi une psychothérapie pour « travailler le deuil » : j’avais l’impression d’aller mieux, je me raisonnais, je donnais le change mais la douleur de la perte ne me quittait pas, pleurs, moment de cafard, de rage aussi.

F. était un absent dont on ne parlait pas, dont on ne voyait aucune photo nulle part, comme s’il n’avait jamais existé, comme si effacer les traces de son passage pouvait effacer la douleur de l’avoir perdu.

En allant voir M. Cauver, je n’avais justement plus rien à perdre.

Sans complaisance, sans rien nous épargner ni lui ni moi (car il ne triche jamais), il a fallu descendre au fond du gouffre pour en retirer tous les raisonnements, toutes les « cannes » qui m’avaient permis pendant presque vingt ans de m’adapter pour survivre à ma douleur.

Mais quelle remontée !!! spectaculaire, incroyable et inespérée.

Ce vendredi 5 mai 2006 restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Je suis arrivée à 10h du matin avec un fardeau que je n’en pouvais plus de porter, qui me rongeait de l’intérieur, qui détruisait petit à petit tout ce qui composait un vie : vie de couple, travail, amis.

Celle qui est repartie à 17h n’avait plus rien à voir avec celle de 10h ! Je ne souffrais plus, j’étais une autre ou plutôt j’étais vraiment moi.

Je pouvais parler de F., on pouvait m’en parler sans que je pleure, et même pire, je souriais. Pour aussi curieux et incroyable que cela puisse paraître, je n’éprouvais plus aucune souffrance.

Les photos de F. étaient introuvables chez moi, j’ai demandé à Maman qui m’a dit : « oui, j’en ai, tu me les a toutes données, je n’ai pas compris pourquoi à l’époque tu t’en es débarrassée. »

Je ne me souvenais même pas de ça, je les ai regardées avec plaisir et au fil des photos, des souvenirs complètement oubliés ont ressurgi et le bonheur de les évoquer avec.

Des photos ont même pris place chez moi.

Et les effets de la séances EMDR ne s’arrêtent pas là : les traits du visage changent instantanément (la douleur a disparu), je me tiens plus droite, je ne sens plus ce poids ni ces tensions dans mon cou et mes omoplates.

J’ai l’impression de voler.

La voix change : mon mari m’a dit le soir-même : « Tu ne hurles plus, tu parles. » Qui hurlerait consciemment, même pour dire « je t’aime » ?

Mes clients que je vois occasionnellement me disent : « Je n’avais pas reconnu votre voix au téléphone. »

Les amis me disent : « Qu’est-ce que tu as fait ? C’est bizarre, tu as quelque chose de changé et je ne vois pas quoi .»

Le comportement dans la vie de tous les jours change, la manière de penser aussi, les réactions face aux différents stress de la vie également.

J’ai retrouvé un sommeil naturel, spontané et réparateur, ainsi que mes capacités intellectuelles, je n’ai plus mal au dos : je ne sommeillais plus qu’avec des somnifères, je souffrais du dos, je me réveillais plus fatiguée que la veille en me couchant. J’étais épuisée, vidée, au bout du rouleau, agressive. Je souffrais de pertes de mémoire impressionnantes, j’avais l’impression d’être un zombie.

Trois mois et demi après les effets EMDR sont toujours là, ils s’encrent de mieux en mieux en moi pour me permettre d’atteindre une qualité de vie insoupçonnable.

Oui, l’EMDR est pour moi une technique « MAGIQUE ».

Je côtoie professionnellement la détresse morale avec son cortège de manifestations douloureuses, les médiats nous apportent leur lot et j’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre pourquoi l’EMDR n’est connu que par quelques initiés dont j’ai la chance et le bonheur de faire partie.

Que perdrait notre Terre si l’Humanité n’était plus souffrante ?
V.C.

[haut.]