S.F. Puy de Dôme – Deuil de son Bébé, Drame, Polytraumatismes – EMDR

Témoignage manuscrit reçu le 21 août 2007

Mon fils aîné Jérôme allait mal.
Je vous ai appelé pour que vous lui fixiez un rendez-vous. Ce qui devait être un banal coup de fil fut, en réalité, un bouleversement émotionnel.

En quelques mots, vous m’annoncez « Maman a un pet au casque et tant qu’elle l’aura, l’enfant n’ira pas mieux. » Vous avez mis l’accent sur la mort, il y a neuf ans, de mon deuxième garçon N., peu après sa naissance.

Selon vous, j’ai transmis malgré moi ce traumatisme vécu à mon fils J..

Je raccroche. Je me mets à penser. « Un traumatisme ??! non, juste une fatalité, le destin… »

Je suis anéantie par ce revirement de situation, mes yeux s’embuent de larmes, mon visage s’échauffe, mais surtout, je prends conscience que je suis peut-être à l’origine du mal-être de J.. Je me dois d’explorer cette piste. Je vous rappelle aussitôt pour un rendez-vous.

Le jour J, je me réveille après une nuit très agitée : me faire « triturer » le cerveau ne me dit rien qui vaille. J’arrive à votre cabinet avec mon paquet de méfiance et de scepticisme.

Pour me mettre à l’aise, vous nous préparez un thé (bizarre ?!) et vous me demandez de vous parlez de ma vie en commençant par mon enfance. Nous entamons une conversation qui va s’avérer très longue…

Je suis toujours sur la retenue, je ne baisse pas la garde d’un iota.

Nous plaisantons, nous sympathisons même, et tout d’un coup, sans crier gare par un mot, une interrogation, vous me touchez en plein cœur, je tente de maîtriser la situation parce que je me crois forte, mais c’est trop difficile, je pleure, je sanglote, et là, les mots se bousculent.

Vous avez l’art et la manière de me faire parler et vous réussissez à faire ressurgir de ma mémoire des évènements du passé.

Après plusieurs heures, le couperet tombe : je suis une polytraumatisée !

De ces blessures, vous extrayez celle qui vous semble le plus urgent à traiter : le deuil de N.

Le retraitement de l’information (la tant redoutée EMDR) peut débuter.

Le début de séance est éprouvant, long et fort en émotion, les visions sont insupportables, mais au fur et à mesure le tableau s’éclaire, il passe du noir au gris léger pour finir avec le visage souriant de mon fils aîné, haut en couleurs !

Deux choses m’étaient insoutenables avant l’EMDR : la première, c’était une photo de N. et la seconde, c’était une chanson de Joan Baez « Here’s to you ».

A la fin de la séance, vous me demandez de regarder la photo. Non sans appréhension je m’exécute. Là, ce qui se passe dépasse tout entendement, je me surprends à sourire.

A présent, je ne vois plus un cadavre mais un joli bébé qui dort paisiblement.

J’arrive enfin à m’attarder sur les traits de son visage. Dans le même temps, vous me faites entendre la chanson, et là encore, grande surprise, je l’écoute avec plaisir comme s’il s’agissait du dernier tube à la mode…

Sur la route du retour, je me sentais légère et heureuse, je fredonnais « ma chanson ».

Le lendemain, j’ai ressorti des photos prises à la maternité que je n’avais plus revues. J’avais très envie de confirmer les résultats positifs de la veille, mais j’avais aussi la crainte que les effets de l’EMDR ne s’estompent. Mais voilà, le miracle persistait : N. était encore plus beau que la veille, son visage rayonnait et celui de la maman que je suis également.

Je livre ce témoignage à tous les parents qui ont vécu le même drame pour qu’ils se posent les bonnes questions, car le problème de l’autre enfant vivant est peut-être la résultante d’un transfert (certes, inconscient) de leur propre traumatisme.

Jean-Pierre, je sais que vous n’aimez pas les remerciements, car vous le dites, vous ne faites que votre travail. Cela étant, vous l’accomplissez avec grande passion.

Vous êtes doué d’une extrême humanité et votre écoute n’a pas d’horaire. L’important, à vos yeux, est d’arriver au résultat fixé. Le but est atteint, vous avez réussi à cicatriser une plaie que personne n’avait perçue, pas même moi.

Grâce à vous, Jean-Pierre, mon cœur est empli de joie et de bonheur.

Je suis apaisée.
Au revoir,
S.

[haut.]