N.T. Gironde – Dépression, Scarifications et Tentative de suicide – EMDR et Formation

Témoignage manuscrit reçu le 11 juillet 2015

Très chers Jean-Pierre et Isa,

Je prends aujourd’hui une feuille et un stylo afin de témoigner à mon tour de l’une de mes plus belles rencontres de ma vie.

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours avancé dans la vie en traînant un énooooorme balluchon rempli de … de quoi ? Je n’en savais rien (ou pas trop) et peut être cela m’arrangeait-il de ne pas trop y regarder …

Et puis j’avais toujours vécu comme ça, et ça fonctionnait … Mal, mais ça fonctionnait. Quelques soucis à établir des relations avec les autres, tout au plus, mais comme de toutes façons je n’avais confiance en personne … En réalité, le terme « vécu » n’est pas tout à fait exact ; « survécu » conviendrait mieux.

Et puis un jour, la « machine » s’est déréglée : première grosse dépression à 28 ans, premières scarifications, premières consultations chez le psy, début des antidépresseurs et autres anxiolytiques. Six mois plus tard, un peu de répit et je me crois sortie d’affaire : à moi d’être plus attentive pour ne plus jamais revivre ça !

Je parviens à me sevrer des médicaments et je profite à nouveau de la vie pendant quelques mois. Puis c’est la rechute. Mince, qu’est-ce que j’ai raté ? Mes proches souffrent, se sentent impuissants ; je lutte ; je suis en colère ; la vie ne m’a pas fait de cadeau depuis ma plus tendre enfance et j’ai toujours tenu bon. Pourquoi plus maintenant ? Ça n’a pas de sens. Les médecins, bienveillants, me disent : « fragile » (savent-ils bien ce que j’ai réussi à endurer jusque-là, en serrant les dents certes, mais sans perdre espoir ?). Ils parviennent à me convaincre cependant de vivre avec une petite « béquille » médicamenteuse car je suis et serai « toujours un peu dépressive ». Cela ressemble bien à une fatalité …

Oui mais voilà, quand les événements s’emballent et que je ne parviens plus à rien gérer, la seule solution consiste à augmenter les doses. Je deviens un « zombi » comme dit mon Chéri qui souffre en silence. JE respire, je mange, je dors mais je n’existe plus. Je ne souffre pas mais je ne ressens rien. Abrutie par les antidépresseurs, j’ai les idées confuses, je perds la faculté de m’exprimer clairement. Je ne suis plus moi. Je ne ressemble à rien que l’on puisse aimer.

Durant des années, j’alterne les périodes de « calme » et les épisodes « dépressifs », plus ou moins inquiétants : un jour, j’ai fait une tentative de suicide, à la suite de quoi j’ai séjourné dans un hôpital psychiatrique. Cela n’a pas servi à grand chose à part à savoir que je ne voulais pas rester là-bas ! Désormais, je prends consciencieusement mes médicaments mais j’ai honte : je ne suis rien d’autre qu’une droguée ! Mon compagnon me le dit de temps en temps avec tout le tact dont il est capable ( = niveau zéro mais ce n’est pas de sa faute ! Il est comme ça … ). Selon les fois, j’essaie de lui expliquer, je le trouve en dérision, j’essaie de lui expliquer très pédagogiquement … Je survis mais je ne vis pas.

Plusieurs années sont passées, ma vie personnelle s’est stabilisée. J’entreprends de rediminuer progressivement les doses de médicaments sous contrôle médical. Je suis déterminée. Hélas, sans m’en rendre compte je suis à nouveau en train de m’enfoncer. Mon Chéri ne supporte plus de se taire devant le spectacle d’un naufrage annoncé. On se dispute, il me provoque pour que je craque. Rien à faire, je suis déterminée : je ne suis pas spectatrice de mon malheur, je bouge pour m’en sortir ! En réalité, je ne m’en rends pas compte. Mon Chéri veut que cela cesse. Il n’en peut plus. Il a entendu parler de vous, très chers Isa et Jean-Pierre, par un ami venu vous consulter quelques temps auparavant. C’est son dernier espoir. Il parvient à me convaincre de venir vous voir.

L’amour pour l’homme de ma vie est plus fort que tout. J’accepte de le suivre jusqu’à votre cabinet bien que je sois terrorisée … Je reste sur la défensive, écoute attentivement vos explications fort logiques, m’intéresse à votre démarche.

Voici venir le moment où j’ouvre enfin le balluchon : tous les souvenirs les plus horribles sont là. C’est avec ça que je me promène depuis tout ce temps ? Pour quoi faire ? Parce que je ne sais pas faire autrement ?… Parce qu’ils font partie de mon histoire et que je ne peux pas les jeter sans renoncer à des bouts de ma vie … ? Les oublier serait les nier … Attention, je ne m’enorgueillis pas de mes malheurs. Je ne me complais pas à dire que je suis une fille qui a été victime de viols incestueux, battue et maltraitée par son père alcoolique et par son frère, délaissée et malaimée par sa mère, blablablabla … Seulement voilà, c’est la vérité. Et pourtant cela fait des années que je tais ces horreurs pour qu’elles n’existent pas … et ça ne marche pas ! Et maintenant on fait quoi Docteurs Cazal et Cauver ?

On établit un plan d’attaque et on guérit …

L’histoire de ma vie est complète : je n’ai rien jeté. Les souvenirs restent mais on a désamorcé leur pouvoir destructeur. Ça, c’est la première bonne nouvelle. La deuxième, c’est que j’ai bien compris que je suis un « cul de jatte » au départ du 100 mètres (en référence à une phrase que j’ai lue tout à l’heure en parcourant votre site). Mais … il existe les Jeux Paralympiques !!!!! Dans la foulée, j’entame donc un stage pour gérer l’anxiété niveau I car enfin voici des éléments concrets qui me permettent d’agir effectivement sur ma santé au quotidien.

Trois séances (intenses) d’EMDR m’ont permis de connaître la vie. Les séances de formation me permettent de me dévoiler telle que je suis. Mon entourage trouve que j’ai beaucoup changé. Moi c’est la quantité de choses que j’entreprends ou que j’ose faire qui me réjouissent. JE suis débordante d’énergie. Je retrouve l’estime de moi, redécouvre mes qualités … Et surtout, je sors de la logique médicamenteuse des médecins. Je ne leur en veux pas : ils ne savaient pas et m’ont aidée du mieux qu’ils pouvaient. Par contre, maintenant, ils savent car je leur ai tout raconté de ma rencontre avec vous, très chers Jean-Pierre et Isa, et leur ai donné vos coordonnées. Que la bonne nouvelle se propage …

Fin du premier stage de formation, premier bilan : contrairement à ce qui était prévu, il n’y aura pas de stage niveau II !!! Quoi, Isa et Jean-Pierre, vous renoncez à me faire payer pour un stage dont visiblement je n’ai plus besoin ? C’est à n’y rien comprendre … Mais enfin, comment … Ah oui, c’est vrai, j’vais été prévenue dès nos premières rencontres : n’en déplaisent aux mauvaises langues, vous n’exercez pas votre métier pour vous enrichir. Et les personnes qui ont la chance de vous connaître n’en sont pas surprises. De plus, je reprendrai la phrase que mon Chéri avait si justement trouvée : « Ce que vous faites a un coût, certes, mais ça n’a pas de prix ».
L’éthique, la bienveillance à l’égard de l’autre, l’amour d’autrui … sont ce qui vous motive. Pas de stage niveau II, logique donc. Notre dernière entrevue sera un enchantement.

Je pourrais terminer cette lettre par « ils se marièrent et vécurent ensemble heureux jusqu’à la fin des temps » tant ma rencontre avec vous deux tient du conte de fées et a permis de reconstruire une relation harmonieuse avec mon bien-aimé.

Mais je ne veux pas finir en parlant de moi. Si ce témoignage doit servir à d’autres, il faut qu’ils sachent :
– Que vous êtes deux âmes extrêmement belles.
– Que vous ne jugez jamais, mais êtes toujours bienveillants.
– Qu’il n’y a jamais de pause pour vous durant les séances en dépit des apparences : votre conscience et votre rigueur professionnelles sont admirables.
– Que l’on repart toujours apaisé.
– Que votre joie de vivre est communicative.
– Que les fous rires font partie intégrante de la thérapie.
– Que vous méritez amplement notre confiance.
– Que le respect ne disparaît jamais malgré la profonde affection qui s’installe malgré nous.
– Que la plus belle façon de vous rendre un peu du bonheur que vous nous avez donné est de permettre à d’autres de venir le découvrir chez vous.
À tous les désespérés de la vie, confiance : Isa et Jean-Pierre existent !!

Ces derniers mots pour vous dire au revoir seront les plus difficiles de cette lettre mais je vous garde précieusement en mon cœur : vous resterez pour toujours l’une de mes plus belles rencontres de ma vie, et, lorsque je pense à vousn immanquablement il naît sur mes lèvres un petit sourire …
Avec toute mon affection respectueuse

NT (épouse G depuis le 06/06/15 !!!!)

[haut.]